Procès Ellul : quand un récit guide plus qu’il n’informe
- Benoit Blanc
- 3 juil.
- 2 min de lecture
Dernière mise à jour : 4 juil.
Sous des airs d’objectivité, certains articles tracent un chemin balisé pour le lecteur. Le traitement médiatique du drame d’Élisa Pilarski en est un exemple : entre mots choisis, faits tus, formules modifiées et émotions mises en avant, la réalité judiciaire s’efface derrière une narration orientée.
🎭 Des mots qui glissent : de « dévorée » à « mutilée »
Dans un premier temps, Ludivine Bleuze-Martin, journaliste de L’Union, avait parlé d’Élisa Pilarski « dévorée ». Un mot fort, spectaculaire, qui a nourri l’imaginaire collectif et déformé la perception des faits.
Aujourd’hui, elle parle de « mutilée ». Un glissement qui révèle en creux l’exagération initiale.
📰 L’Union et la construction d’un récit
L’Union fut le premier média sur le drame, selon le podcast « Enquêtes » animé notamment par Ludivine Bleuze-Martin. L’affaire fut d’emblée présentée comme hors norme, un fait divers exceptionnel.
👉 Ce traitement a entretenu un antagonisme simpliste : chasse à courre contre animalistes, au détriment d’une lecture rigoureuse des responsabilités.
👉 Les propos de Christophe Ellul sont relayés comme des éléments factuels, sans rappeler qu’il s’agit d’un témoignage subjectif, changeant, traversé de contradictions.
👉 Plus grave encore : un glissement de formulation qui a contribué à nourrir la confusion. Le procureur parlait de « plusieurs morsures de chiens » (des morsures infligées par un ou plusieurs chiens).
👉 La journaliste transforme cela en « morsures de plusieurs chiens », laissant entendre qu’il était acquis qu’une meute avait été impliquée.
🔍 Ce qu’on tait : les silences du récit
L’article passe sous silence des éléments cruciaux :
Christophe Ellul est sous contrôle judiciaire, interdit d’approcher la famille de la victime.
Le SMS « je le fais piquer », qui éclaire autrement sa conscience du danger.
Curtis n’aurait jamais dû être en France, importé illégalement, dressé illégalement.
L’appel au secours, présenté comme clair, reste flou : aucun nom de chien cité avec certitude, aucun contenu vérifiable.
⚖️ Un récit qui adoucit les responsabilités
Le texte transforme des responsabilités établies en complexités apparentes. Il met en avant l’émotion et le drame humain, mais dilue les fautes pourtant reconnues par la justice.
👉 Ce n’est pas un mensonge.
👉 C’est un récit qui oriente, en choisissant ses mots, en taisant certains faits, en modifiant d’autres formules, et en faisant primer l’émotion sur la rigueur des faits.
💬 À chacun de voir ce qu’on lui montre… et surtout ce qu’on ne lui montre pas.
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